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DockerConEu 2017, une baleine au pays de la petite sirène

DockerCon est la conférence majeure à propos de Docker. Elle a lieu deux fois par an : en avril aux États-Unis et en octobre en Europe. C’est un très bon événement pour se mettre à jour sur toutes les nouveautés concernant le cloud et le Web en termes d’infrastructure. On y parle de Docker, mais aussi de Serverless, des aspects humains autour de notre travail, d’Open Source ou tout simplement de développement.

Le lieu de la DockerCon

Utilisateurs de Docker depuis ses débuts, nous ne pouvions pas manquer un tel événement ! Les vidéos des conférences étant d’ores et déjà en ligne, cet article vous aidera peut-être à sélectionner celles que vous souhaitez regarder… car il y a eu de très nombreuses conférences : 6 tracks en parallèle, sans compter la partie communautaire !

Les tracks regroupent les conférences d’un même thème : « Using Docker », « Docker Best Practices », … avec des dominantes différentes : technique, marketing, etc.

Section intitulée keynotesKeynotes

Une scène impressionnante à la DockerCon

Commençons par la fameuse Keynote « obligatoire » (à comprendre : il n’y a rien d’autre en parallèle) présente sur 2 jours, et très axée marketing. Si vous êtes développeur / admin sys / pure technique, passez votre chemin. Si vous êtes un décideur, il peut y avoir quelques points intéressants.

Les deux sessions ont pour but de vous faire rentrer une équation dans la tête : Docker = Application Moderne. Par le biais de démos, de chiffres et de retours d’expérience, les keynotes veulent montrer que Docker permet de moderniser votre application legacy très rapidement (MTA : Modernize Traditional Application) et, en un claquement de doigts (ou presque, en moins de 5 jours), faire en sorte qu’elle soit dans le Cloud. Quelques conditions sont cependant indiquées :

  • Il doit s’agir d’une application en C# / Java ;
  • Il faut utiliser Docker Enterprise Edition (un outil en SaaS pour gérer votre cluster Docker) ;
  • … et faire appel aux services de l’équipe de Docker.

Même si ce n’est pas dit explicitement, la présentation veut laisser penser que Docker est l’unique solution pour moderniser une application legacy, ou en tout cas la seule qui va permettre d’être rapide et d’économiser 50% du coût en moyenne. Restons honnête, Docker peut effectivement aider à moderniser une application, la base étant tellement bas niveau qu’elle permet d’accepter n’importe quelle application. Il est donc possible de la normaliser sous le même format, qu’elle soit récente ou très vieille. Cependant, cette étape n’est qu’une goutte d’eau dans le vase que représente la modernisation d’une application. L’accent a par exemple été mis sur l’approche dite de « modernisation incrémentale » (à comprendre : pas besoin de tout jeter et de tout réécrire), ce qui est faux. L’outil n’est pas la solution. C’est la compétence de votre équipe, votre compréhension de l’application et l’approche que vous allez mettre en place qui vous permettront peut-être d’avoir une approche incrémentale dans la refonte de votre application.

La question que vous devez vous poser est : « Ai-je vraiment besoin de Docker pour cette application ? Ai-je vraiment besoin d’avoir cette application disponible dans le Cloud ? ». De plus, l’idée globale, voulant que passer sur du Cloud ou du Docker va faire économiser de l’argent, est erronée ou en tout cas inexacte. Si ce passage est mal fait, ou par des équipes n’ayant pas les compétences, cela sera souvent l’inverse. Privilégiez donc toujours les compétences de votre équipe plutôt que de suivre bêtement le conseil de la migration : mieux vaut rester sur une infrastructure legacy raisonnable que de migrer « coûte que coûte ».

Pour finir sur une bonne surprise, il est à noter que le support natif de Kubernetes pour l’orchestration est à venir. Initiative intéressante, car la communauté avait pas mal grisé le support unique de Swarm lors de sa sortie. Docker a été attentif aux attentes de la communauté par le biais de cette annonce.

Les vidéos des keynotes sont disponibles en ligne pour les journées du 17 octobre et du 18 octobre.

Section intitulée blackbeltBlackBelt

La track BlackBelt concerne les conférences ayant un fort aspect technique. Cela peut faire peur, mais finalement, la plupart étaient assez accessibles et surtout très intéressantes :

Section intitulée what-have-syscalls-done-for-you-lately-par-a-rel-nofollow-noopener-noreferrer-href-https-twitter-com-lizrice-liz-rice-aWhat Have Syscalls Done for you Lately?, par Liz Rice

Une excellente conférence qui nous fait rentrer dans les appels systèmes et en quoi consiste finalement un noyau linux : comment ils sont utilisés, les optimisations que le noyau réalise au niveau de ses appels, … Certaines parties étaient un peu complexes, mais en général, elle donne une meilleure vision de ce qui se passe à très bas niveau. Elle donne également des pistes et des outils pour détecter et comprendre certains problèmes (dont des problèmes de sécurité), notamment avec une démo sur l’attaque shellshock.

Voir la vidéo de « What Have Syscalls Done for you Lately? ».

Section intitulée the-truth-behind-serverless-par-a-rel-nofollow-noopener-noreferrer-href-https-twitter-com-ewindisch-erica-windisch-aThe Truth Behind Serverless, par Erica Windisch

Que se passe-t-il quand on fait du Serverless ? Comment les différents providers, notamment Amazon, font pour exécuter les fonctions que vous allez leur transmettre à coup de pause/unpause de conteneurs ? Cette conférence est très intéressante, même pour un débutant dans le monde du Serverless. Elle aborde toute l’architecture de manière très macroscopique. Cependant, on aurait aimé plus de détails sur certains points, notamment l’optimisation réalisée pour arriver à des performances correctes. Mais de l’aveu même du speaker, la plupart des détails sont actuellement cachés, même si cela devrait être de plus en plus transparent au fur et à mesure des années.

Voir la vidéo de « The Truth Behind Serverless ».

Section intitulée container-orchestration-from-theory-to-practice-par-a-rel-nofollow-noopener-noreferrer-href-https-twitter-com-rhein-wein-laura-frank-a-et-a-rel-nofollow-noopener-noreferrer-href-https-twitter-com-stevvooe-stephen-day-aContainer Orchestration from Theory to Practice par Laura Frank et Stephen Day

La première partie, présentée par Stephen Day, parlait de SwarmKit – la librairie Docker permettant de gérer l’orchestration : la gestion des tâches, la structuration de données utilisée, et comment chacune des propriétés / structures est utilisée (et surtout par qui et à quel moment). La conférence permettait de comprendre comment l’orchestration est gérée dans les entrailles de Docker. Nul besoin de connaître le Go pour comprendre.

La seconde partie était tournée vers la communication entre les noeuds et les managers au sein d’un cluster Swarm, avec tous les aspects que cela concerne, le mode de communication push/pull, la distribution de l’information par le biais de l’algorithme Raft et que faire en cas de problème.

La conférence nécessite tout de même quelques bases en orchestration, sinon elle devient très vite compliquée à suivre.

Voir la vidéo de « Container Orchestration from Theory to Practice ».

Section intitulée edge-track-skynet-vs-planet-of-the-apesEdge Track – Skynet vs Planet of The Apes

L’Edge track regroupait la plupart des sujets sur les outils et nouvelles façons de faire dans Docker.

La conférence « Skynet vs Planet of The Apes » nous parlait de LinuxKit et de InfraKit, deux outils assez récents et encore sous-utilisés. Le premier permettant la création d’images personnalisées pour le système hôte de Docker, et le second permettant d’assurer un état consistant d’une infrastructure Swarm.

Bien que très intéressante sur le fond, elle était dure à suivre à cause de la forme (certains slides trop chargés, trop d’informations données) et nous restons un peu sur notre faim car nous aurions espéré y trouver plus de storytelling.

Voir la vidéo de « Skynet vs Planet of The Apes » sur la track Edge.

Section intitulée docker-best-practices-the-enterprise-it-checklist-for-docker-operationsDocker Best Practices – The Enterprise IT Checklist for Docker Operations

Une bonne conférence sur tous les points que vous devez vérifier lorsque vous voulez mettre Docker en production. La taille de la liste fait extrêmement peur, mais heureusement une autre conférence présentée plus bas (Taking Docker to Production: What You Need to Know and Decide) rassure sur cette checklist.

Voir la vidéo de « The Enterprise IT Checklist for Docker Operations » sur la track Best Practices.

Section intitulée transform-my-journey-to-goTransform – My Journey to Go

Une conférence très intéressante, retraçant le parcours de la speaker Ashley McNamar de son début en tant que photographe jusqu’à son métier actuel de gopher, qui nous amène à réfléchir sur le mentoring, et la façon de contribuer / gérer un projet open source.

Voir la vidéo de « My Journey to Go » sur la track Transform.

Section intitulée using-docker-taking-docker-to-production-what-you-need-to-know-and-decideUsing Docker : Taking Docker to Production: What You Need to Know and Decide

De toute la DockerCon, cette conférence est celle que nous avons préféré. Elle est à revoir absolument pour quiconque songe à mettre Docker en production. La règle d’Or étant le pragmatisme : utiliser un système que vous connaissez (ne pas forcément prendre le système hype du moment), commencer avec un seul host pour Swarm (de toute façon, vous n’aviez pas de cluster avant), etc …

Voir la vidéo de « Taking Docker to Production: What You Need to Know and Decide » sur la track Using Docker.

Section intitulée community-theaterCommunity Theater

Le Community Theater est le lieu de nombreuses conférences courtes

Durant chaque pause, ce lieu était le passage de nombreuses conférences courtes (environ 20 minutes), que ce soit sur gérer un cluster en VR, l’intégration de Docker au sein du CERN, ou encore Alpine passée au peigne fin par un des contributeurs du projet ; les conférences y étaient de bonnes qualité, et certaines auraient même mérité une plus grande visibilité.

Section intitulée conclusionConclusion

Aller à la DockerCon, c’est un peu comme entrer dans une église baroque, on est à la fois impressionné, mais on sent aussi tout le poids que Docker a pris ces dernières années. Les conférences étaient agréables à suivre, et l’organisation au top ! Petit plus, Copenhague est une ville très agréable… avec sa petite sirène.


Cet article porte sur la conférence DockerCon EU 2017.

DockerCon EU 2017

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